Alban ne fait qu'une supposition, tirée de la forme générale de l'écu,parce que souvent les épouses ou demoiselles ont des écus de forme ovale ou losangées, sauf dans le cas d'écus jumelés aux armes du mari et de l'épouse : dans ce cas, les écus gardent la forme générale.
Une cordelière de veuve peut entourer les armes personnelles de la dame, mais si elle entoure les armes de feu son mari, si elle ne fait pas usage des ses propres armes ou n'en a pas, on peut concevoir qu'elle entoure un écu de forme générale et non un écu de forme spécifique. Le guide de l'héraldique de Wenzler,que j'utilise comme lexique en cas de besoin (mais ce n'est qu'un guide dont il faut savoir se détacher) mentionne: "Cordelière: ornement extérieur entourant généralement les écus féminins, en principe celui des veuves ou des filles non mariées" (grammaticalement, les écus - au pluriel - deviennent"celui" au singulier, c'est une faute!
).
Le même indique, pour la forme de l'écu, que les femmes suppléant leurs maris absents (croisades, pèlerinages, captivité, mort....) ont pris l'habitude d'avoir leurs propres écus dans la classe dirigeante, imitées ensuite par des roturières, et indique :"Il est de coutume qu'une femme non mariée prenne les armes de son père et qu'elle les dispose dans un écu en forme de losange ou ovale. Une femme mariée rangera les armes de son père et celles de son époux (je rectifie le texte du livret qui dit "rangera les armes de son mari et celles de son époux" - sic -) dans deux écus accolés ou dans un seul partagé en deux." (les armes du mari étant généralement à dextre dans ces cas).
Mais attention, attention : nous ,hommes et femmes du 21ème siècle, nous sommes déformés dans notre vision des choses par trois siècles de réglementation étatique (royale, républicaine, impériale, etc) dans des domaines très variés, et nous avons tendance à plaquer cet aspect sur un passé qui justement connaissait peu de règles universelles, excepté peut-être celles de la religion, et encore, non sans mal.....Or, la structure de la société était celle d'une juxtaposition et d'une superposition d'indépendances et de sujétions féodales,dans laquelle les communications et la diffusion des idées et usages se faisaient au pas des hommes et des chevaux. Ce que nous avons tendance à présenter présomptueusement comme des règles impératives de l'héraldique, c'était en réalité un ensemble de pratiques, d'usages, de coutumes, d'habitudes, voire de modes, diffuses et émanant d'initiatives locales peu concertées, chaque seigneur étant quasi-souverain en ses fiefs, allant tant de bas en haut que de haut en bas,et que les hérauts d'armes ont tenté, au fil des siècles, de structurer. Il n'y a pas en la matière de loi suivie de décrets d'application, d'A.K.O = ordre du cabinet suprême de l'armée de l'empire allemand avant 1914, de circulaires ministérielles, de directives autoritaires de quelque nature qu'elle soit, avant la mesure brutale de prohibition des armoiries à l'époque révolutionnaire et l'établissement d'une héraldique centralisée en mars 1808 et les tentatives de réglementation royales et impériales postérieures, jusqu'à l'abandon du domaine héraldique par la République.
Il n'existe pas d'énarques de l'héraldique (et heureusement!!!!!) C'est peut-être ce qu'il y a de séduisant dans l'héraldique : le
"champ" de libertés qu'elle offrait et nous offre encore ! Et il est réconfortant que les femmes viennent rejoindre les hommes dans cet espace de liberté.