On se trouve peut-être dans une symbolique arthurienne :
http://www.erudit.org/revue/etudfr/2006/v42/n1/012924ar.pdf
dont extrait, pages 73-74 :
Le conte du papegau, puisque tel est le véritable titre donné par l’explicit, peut être interprété de deux manières : soit il désigne un récit
centré sur le personnage du papegau aux dépens du jeune roi, soit le
récit que conte le papegau au roi Arthur ou à sa cour au terme de leur
errance d’une année. Alors que le titre qui avait été jusque-là retenu
par la critique, Le Chevalier au Papegau, insérait le récit dans le même
paradigme que Le Chevalier au Lion, ou Le Chevalier de la Charrette, le
titre Le conte du papegau entre plutôt en résonance avec Le conte du Graal.
Il convient donc de bien distinguer le pseudonyme qu’Arthur s’est
conquis, le Chevalier au Papegau, et le titre du roman.
La translatio du lion en papegau marque la transformation d’un
emblème de prouesse et de noblesse en emblème de parole, mais
d’une parole à compléter : si le signifi é du lion est fixé chez Chrétien de
Troyes, celui du papegau est vacant, à compléter au fi l du récit. Ce
blason vivant, loquace et curieux, symbolise un otium, une disponibilité du récit, plus proche du jeu que de la mission ou de la quête à
remplir. Rappelons pour mémoire que le nom de Chevalier au Papegau
évoque pour le lecteur de la fi n du Moyen Âge un titre de pacotille que
l’on conquiert dans le cadre d’un jeu dit « du papegau » qui récompense
durant un an le vainqueur du tir du papegau, c’est-à-dire le meilleur
tireur de la cible de bois vert qui sert de but aux tireurs à l’arc ou à
l’arbalète. Le papegau est désormais emblème du récit, plus peut-être
que blason du chevalier, et symbolise une nouvelle modalité d’écriture.
Le papegau que l’on déplace de château en château dans sa cage
ostensoir et qui réjouit les convives de ses chants et de ses récits a bel et
bien remplacé la quête du saint Graal, dispensateur de toute nourriture
entre balbutiement et radotage céleste. C’est désormais la reconquête et la reconstruction de l’écriture
à partir des reliques des récits anciens qui sont en jeu, afi n de les faire
briller de nouveaux feux à l’image des escarboucles qui entourent la
cage photophore de Maître Papegau.
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JC Even