Le pairle

Rappel du premier message :

Bonjour à tous.

Sur un autre forum, on me demande à partir de quand on peut utiliser le pairle...



J'ai feuilleté les armoriaux XIIIe que nous avons en liens ... et je n'ai rien !

Quelqu'un d'autre aurait quelque chose là dessus ?

Merci de votre aide !

Ce qui donnerait donc raison à ce site anglois...

Je pense qu'il existe plusieurs significations concernant le pairle. La symbolique religieuse est évidente pour Canterbury mais rien qu'en prenant l'exemple de la famille Cuningham, on s'aperçoit que dans ce cas là, le pairle a pour origine une simple fourche. J'ai lu également qu'il pourrait avoir pour origine les éperons des cavaliers. Par conséquent, je ne pense pas qu'il existe de vérité immuable pour le pairle (comme pour beaucoup de meubles héraldique d'ailleurs).

Bon, je repasse tous les armoriaux en ligne ...

Rien sur l'armorial équestre de la Toison d'Or (pour ce que j'ai pu consulter).
Rien sur Bellenville (pour ce que j'ai pu consulter).
Rien dans le rôle Glover.
Rien dans le Codex Manesse.
Rien dans Wijnberghe (pour ce que j'ai pu consulter).
rien dans la Montre de Vannes.
après une recherche rapide sur Heraldique Européenne ... sur le mot Pairle... RIEN avant le 18e...

Gelre ... rien en tant que pairle... par contre plusieurs mention de "posé en pairle" ... mais l'armorial n'étant pas "blasonné", il peut s'agir d'un blasonnement "moderne"

Un truc étrange dans l'armorial de Zurich :

Mais pas de pairle traditionnel.

Il me reste à vérifier Vermandois, et d'autres endroits ... mais j'étais déjà certain de ma recherche...

Rolland de Glabbecke a écrit:Il me reste à vérifier Vermandois

Je viens de regarder, je n'ai rien trouvé...
Je pense que ton analyse première est la bonne...

Si le demandeur nous lit toujours, je lui conseillerais de changer son pairle en sautoir par exemple (et d'y ajouter des détails!).

Oui je rejoins Crevecoeur sur le fait que l'analyse de Rolland est certainement la bonne car, outre le fait que le pairle est très rare en héraldique, avant le XVIe il n'y a pas de trace réellement avérée mais plutôt des suppositions comme dans le cas des Cunningham.

Sinon, la liste de discussion "Héraldique Noblesse" n'a pas apporté de réponse.

La recherche sur le pairle des Cunninghams, amène à une légende qui dit que le premier de cette famille avait caché le roi Malcolm sous une meule de foin. Le roi fut sauvé et il récompenssat le jeune Cunningham en lui donnant des terres et un titre de noblesse.
Cunningham mit ensuite la fourche qu'il utilisa comme emblème sur le blason. et la devise des Cunninghams devint : "Over Fork Over"

Je me permet de déterrer ce sujet suite l'observation d'une illustration anglaise du XIIe siècle, sur laquelle on peut voit un chevalier muni d'un écu arborant l'emblème de la Sainte Trinité :


[British Library - MS Harleian 3244 f 280-1]

Je pense logiquement que le pairle découle cet emblème.

euh... vous êtes sûr qu'elle est du XIIe cette illustration?

le heaume porté par ce chevalier fait méchamment XIIIe...

je dirais même qu'il ressemble franchement à un heaume français de la fin XIIIe. mais bon, je ne suis pas spécialiste de la période.

l'idée que le pairle découle de la sainte trinité est très intéressante.

Exact, vous avez l'oeil. Je me suis fié aveuglément à la description indiquée dans l'ouvrage, et après vérification sur le site de la British Library, cette illustration est extraite d'un manuscrit datant du 2e/3e quart du XIIIe siècle : Détail du manuscrit

Une question me vient à l'esprit quant à l'orthographe de ce mot, car dans "La science héroïque" (1644), Marc de Vulson l'écrit d'une autre façon, bien que l'orthographe des noms soit loin d'être fixée à cette époque. Mais je me demande pouquoi, par la suite, ce mot s'écrira avec "ai". Serait-ce pour bien le différencier de cet objet précieux qui pare les Dames ?

D'après ce que j'ai pu trouver depuis mon message précédent, il semble que pour la première fois le mot "pairle", donc écrit avec "ai" soit apparu en 1658 (date postérieure à l'ouvrage cité plus haut) dans "Le laboureur, discours de l'origine des armes et des termes receus et usités pour l'explication de la science héraldique", p.210 dans l'édition de 1658. L'auteur en disait ceci :

"... je dis que c'est un demy saultoir planté sur la moitié d'un pal, ou bien comme quelques autres, que c'est une demy bande, une demy barre et un demy pal."

Il existe bien un exemplaire de cet ouvrage à la BNF - Gallica, mais dont l'édition ne comporte qu'un peu plus de cent pages...

C'est ICI

C'est un mot dont l'étymologie est plus qu'incertaine.
On trouve plusieurs pistes dont aucune n'est franchement avérée :

- de palirum, parce qu'il en a la figure, n'étant représenté qu'à moitié
- de pergula, perche fourchue pour suspendre les lampes et étendre les habits sacrés dans les sacristies
- de Pallium, forme stylisée en Y du col des costumes des prélats romains
- de parilis, pour trois branches de longueur égale
- de pal et sautoir, ce qui aurait pu permettre d'écrire le mot Palsautoir avant évolution

Alors que l'on sait de perle :

PERLE n. f. XIIe siècle. Issu, par l’intermédiaire du latin populaire *pernula, du latin perna, « jambe, cuisse », puis, par analogie de forme, « pinne marine ; coquillage », et, par métonymie, « perle ».

Merci pour ce complément d'information, amie Flocon; c'est bien intéressant !

Je m'aperçois que ce sujet du pairle ou des pairles n'est pas illustré par une exemple connu sur ce forum : mon écu, coupé de gueules et d'or à trois pairles aiguisés et alésés, de l'un à l'autre. Je corrige donc cet oubli !

Bonne initiative, cher Levyryl; vous êtes... une pairle !