Comme tu le dis, les dictionnaires sont parfois animés des meilleures intentions et ne donnent la définition d'un mot quand elle leur convient. Certains séparent les émaux et les métaux, d'autres les englobent sous la même dénomination. Pour du coupage de cheveu en quatre, c'est du coupage de cheveu en quatre. En ce qui me concerne, lorsque je parle des "émaux" je parle des "émaux proprement dits" et non de l'ensemble des couleurs réunies sous le terme d"émaux.
Lorsque je dis "opposé", c'est au sens de séparation distincte supposant déjà la règle de ne pas apposer deux métaux ou deux émaux sur un écu, à moins de s'en tirer pas les petites ficelles du brochant, de l'enquerre, du cousu etc.
Pour moi, émaux et métaux sont deux catégories distinctes dans le sens où on ne les mélange pas. je me représente l'écu comme une succession de couches qui respectent l'alternance émail-métal, émail-fourrure, métal-fourrure.
Cela dit, je remarque que dans tes références tu cites des ouvrages littéraires, certes fort louables, mais qui, mis à part un, ne sont pas spécifiques de l'héraldique (je vais d'ailleurs y revenir).
Selon Michel Pastoureau(Figures de l'Héraldique, ed. Gallimard 1996), le blason répartit ses six couleurs en deux groupes. Dans le premier, il place l'argent et l'or. Dans le second, le gueules, azur, sable, sinople. (A noter que le pourpre n'est pas considéré par l'auteur comme une couleur d'origine). La règle fondamentale est de ne pas superposer deux couleurs du même groupe.
Selon Les Dictionnaires Héraldiques que l'on connaît depuis 1679 ( C. Ravot - H. de Barat, Le blason des Armoiries on donne la définition suivante du mot "Email"
Noms des couleurs, métaux et fourrures dont un écu est chargé. D'une façon générale on entend par émaux du blason aussi bien les émaux proprement dits que les métaux et les fourrures. Mais l'émail proprement dit comprend les six couleurs qui ne sont ni métaux ni fourrures : gueules, azur, sinople, sable, pourpre et carnation ; à quoi il faut ajouter la couleur naturelle.
1772, Encyclopédie Diderot et D'Alembert : Qui se dit de la diversité des couleurs et des métaux dont un écu est chargé. Les métaux sont or et argent; et les couleurs, azur, gueules, sinople, pourpre, et sable. On représente ces sept émaux sur les tailles-douces, par le moyen des hachures. L'or est pointillé, et l'argent tout blanc; l'azur qui est bleu, est représenté par des traits tirés horisontalement; le gueules, qui est rouge, par des traits perpendiculaires; le sinople ou le verd, par des traits diagonaux de droite à gauche; le pourpre, dont on se sert pour les raisins, les mûres et quelques autres fruits, par des traits diagonaux de gauche à droite; et le sable, qui est noir, par des traits croisés. Les émaux du Blason sont venus des anciens jeux du cirque, qui ont passé aux tournois, où le blanc, le bleu, le rouge, et le verd, distinguoient les quadrilles les uns des autres. Domitien, au rapport de Suétone, y en ajoûta une cinquieme vêtue d'or, et une sixieme habillée de pourpre. Le sable est venu des chevaliers qui portoient le deuil.
1780, P.Menestrier"Nouvelle Méthode raisonnée du Blason ou de l'Art héraldique. Dictionnaire universel des termes du Blason" : Se prend dans le blason pour un terme générique qui renferme les métaux et les couleurs dont sont composées les armoiries.
1843, Borel d'Hauterive "Annuaire 1843 - Dictionnaire de Blason ou Petit manuel Héraldique" : Métal, couleur ou fourrure qui sert à peindre le champ et les pièces des armoiries.
1887, J.B. Rietstap "Armorial Général précédé d'un Dictionnaire des termes du Blason" : Nom collectif des métaux et couleurs qu'on emploie en armoiries.
1899, L.A. Duhoux d'Argicourt "Alphabet et Figures de tous les termes du Blason" : En blason, il y a trois sortes d'émaux : 1) les métaux qui sont l'or et l'argent. 2) Les couleurs qui sont le gueules, l'azur, le sinople, le pourpre et le sable. 3) Les fourrures qui sont l'hermine et le vair. 1901 Nom collectif des métaux et des couleurs usités dans la science du blason : or, argent, gueules, azur, sinople, sable, pourpre. Il comprend aussi les fourrures.
1905, Larousse "Dictionnaire encyclopédique en 7 volumes." : Noms des couleurs, métaux et fourrures dont un écu est chargé. D'une façon générale on entend par émaux du blason aussi bien les émaux proprement dits que les métaux et les fourrures. Mais l'émail proprement dit comprend les six couleurs qui ne sont ni métaux ni fourrures : gueules, azur, sinople, sable, pourpre et carnation ; à quoi il faut ajouter la couleur naturelle.
Au vu de ces références, il apparaît donc que les couleurs que l'on appelle en termes génériques les émaux sont constitué des émaux proprement dits ainsi que les métaux et les fourrures. Les émaux proprements dits sont au nombre de six(sept? Le pourpre?)